La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 prévoit l’obligation de mettre en place des ZFE (Zone à Faibles Émissions) dans toutes les agglomérations de plus de 150000 habitants d’ici 2024. Une nouvelle donne pour les acteurs de la livraison du dernier kilomètre qui devront dialoguer avec les pouvoirs publics pour tirer leur épingle du jeu dans une démarche gagnant-gagnant. Ce sont 231 projets en logistique urbaine qui ont été financés par les programmes européens “Programme-Cadre” et “Horizon 2020” de l’Union européenne. Mais alors comment développer les partenariats public-privé pour inventer une livraison durable ? 

Quel est l’intérêt de développer les partenariats public-privé ?

Ces nouvelles collaborations privé-public sont une évidence pour Delphine Janicot, Directrice marketing et communication d’Urby, qui confirme que les “collectivités sont aussi des parties prenantes [dans la logistique urbaine] car elles veulent notamment désengorger la ville et mieux partager la voirie”. 

Face aux exigences des ZFE, les acteurs du dernier kilomètre ont tout intérêt à travailler de pair avec les décideurs publics. Ces derniers tendent en effet à imposer un entreposage en périphérie des villes, ce qui suppose de revoir l’atomisation actuelle du secteur et d’envisager de nouveaux maillages. 

Ainsi, la ville de Bayonne a mis en place un partenariat avec la SCOP Hemengo Erlea, créée par le transporteur Lataste. Cette dernière opère un Centre de Distribution Urbain (CDU) dont 30 % des mouvements concernent la desserte de l’hyper-centre et 70 % l’aire urbaine. La volonté politique et le recours à un prestataire bien implanté localement ont fait de cette démarche partenariale public-privé une réussite.

Dans le cas du fluvial à Lyon par exemple les rives gauches de la Saône et du Rhône bénéficient d’un aménagement piéton géré par la métropole bien qu’elles relèvent du domaine des Voies Navigables de France (VNF). L’établissement public, en charge de 80 % du réseau de fleuves français, gère les rives droites moins aménagées. Il travaille avec la métropole et la ville pour garantir la compatibilité avec une utilisation logistique (accès routier, embranchement vélo, etc.) afin d’assurer les derniers hectomètres de la livraison. 

Ainsi, comme le résume Cécile Ohresser, Référente nationale sur le sujet de la logistique urbaine fluviale au sein des Voies Navigables de France : “la logistique urbaine fluviale résulte d’un processus commun, elle est le fruit d’un partenariat, d’un dialogue entre VNF, les collectivités et les acteurs privés pour répondre à des enjeux sociétaux, environnementaux et nécessairement économiques.” 

Les relations partenariales privé-public se renforcent car les ZFE deviennent de plus en plus strictes, mais pas seulement. Aujourd’hui, certaines entreprises nous consultent car elles sont sincèrement engagées dans une démarche RSE.
- Pauline Decoin, Responsable de projets VNF 

Les municipalités ne se préoccupent pas uniquement de l’impact environnemental du dernier kilomètre, mais s’inscrivent dans une réflexion plus large sur la proximité, le service rendu au citoyen et l’attractivité du territoire. À Bordeaux par exemple, l’adjointe au commerce Sandrine Jacotot s’est dite préoccupée par la prolifération de “dark stores” liée à la livraison alimentaire express.

Petit à petit les collectivités et l’État s’emparent des politiques publiques de transport de marchandises. Les élus reprennent une forme de leadership sur ces sujets, notamment en posant de nouvelles conditions dans les appels d’offres pour sélectionner un transporteur ou un groupe de transporteurs. 

Parmi elles, l’intégration de clauses fluviales dans les consultations publiques. C’est grâce à une clause de ce type que 15000 tonnes de déblais issus de la démolition d’un parking lyonnais ont pu être évacuées par voie d’eau : une démarche qui a permis d’éviter le passage en centre-ville de 750 camions soit une économie de 25000 tonnes de CO2. 

Pauline Decoin commente : “la démarche fait des émules puisque, lors du trajet retour [Villefranche-sur-Saône vers Lyon], Eiffage a demandé aux mariniers d’acheminer 15 000 tonnes de terres et de matériaux nobles !”  

Le développement des partenariats public-privé se distingue donc comme l’une des tendances de 2023 concernant la logistique du dernier kilomètre. Découvrez en exclusivité les 10 tendances 2023 de la livraison du dernier kilomètre dans notre dernier e-book.

L’exemple concret : de quoi trinquer à la collaboration 

La coopération de l’écosystème privé-public se matérialise par différents projets tels que la liaison opérée par ULS à Lyon via des quais appartenant à Voies Navigables de France (voir la tendance #5 du futur de la livraison du dernier kilomètre).

D’autres expérimentations sont en cours comme le confie Pauline Decoin “en novembre 2022, dans le cadre d’un partenariat avec le port fluvial de Villefranche-sur-Saône, géré par la CCI, les mariniers de Desigaud livreront par bateau le beaujolais nouveau des vignerons de la région”. 

Pour conclure : l’avis de Woop

La livraison a un caractère social. Elle apporte souvent du lien dans des contextes souvent déshumanisés. Cette création de lien social, tout comme la réduction des externalités négatives liées à la livraison, est au cœur des enjeux des villes de demain. Il est donc normal que les collectivités s’emparent du sujet. Tous les acteurs doivent se rencontrer, échanger, partager, pour assurer un développement harmonieux des activités. 

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